Apprendre à enseigner

Le gouvernement a préparé les décrets qui lui donnent en partie les moyens juridiques de mettre en œuvre sa réforme de la formation des maîtres. Leur publication est imminente. Pourtant, sur le fond, cette réforme a suscité une opposition quasi unanime des instances universitaires, des organisations syndicales d’enseignants et d’étudiants, des associations professionnelles, des sociétés savantes, des mouvements pédagogiques, des parents d’élèves (FCPE), etc.

 

Mais qui apprendra à lire à nos chères têtes blondes et brunes dans quelques années ? Des enseignants, bien sûr, mais qui ne seront plus formés de la même façon. « Plus formés du tout », craint-on dans les milieux de l ’éducation. Car la réforme prévue par le gouvernement vise en filigrane la disparition des IUFM .En effet la pseudo-formation initiale des enseignants et la préparation aux concours passeraient sous l ’égide des Universités tandis que la formation continue passerait sous celle des Inspections académiques. Du reste, l ’existence des IUFM n ’est évoquée dans aucun projet de décret.

Devenir professeur aujourd ’hui, exige d ’abord obtenir une licence (bac + 3). On peut alors s ’inscrire en première année à l ’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) pour préparer le concours de professeur (premier ou second degré). Ce qui correspond à un niveau master 1 (bac + 4) avant de passer le concours. Une fois reçu, une deuxième année de formation se fait en alternance à l ’IUFM et dans un établissement scolaire. La carrière d ’enseignant commence par cette première année rémunérée de fonctionnaire stagiaire. Ce que l ’on appelle la mastérisation consiste à demander aux étudiants d ’obtenir un master à l ’université pour se présenter au concours. En contrepartie, l ’année de stage via l ’IUFM est supprimée.

La première conséquence est l ’allongement d ’un an de la durée des études avant de devenir professeur. La deuxième est d ’en faire une formation plus théorique et moins pratique, puisqu ’elle ne comprend plus l ’année de stage en IUFM, une fois reçu au concours. La dernière conséquence est de rémunérer les futurs enseignants un an plus tard. Cela permettrait au gouvernement de réaliser des économies. Ainsi, sur les 16 000 suppressions de postes annoncées pour la rentrée 2010, la moitié correspondrait à la disparition progressive de la rémunération de ces enseignants stagiaires d ’IUFM, en tenant compte du recul du gouvernement pour l ’année 2010.

 

On comprend, dès lors, l ’empressement du ministère à avancer sur ce projet de mastérisation…